Onze millions de Français touchés

Après deux ans de travaux, l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) a remis son premier rapport. Il évalue à 11 millions le nombre de ménages touchés. Le chèque énergie qui fait actuellement débat dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique y changera-t-il quelque chose ?

Comment mesurer la précarité énergétique ? Créé en mars 2011, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) financé par six membres dont l’Ademe, les opérateurs historiques d’énergie et l’Union sociale pour l’habitat (USH), a travaillé au corps cette question, pour aboutir, deux ans après, à un passionnant rapport qui ne demande plus qu’à être traduit en actions. « On pensait que le phénomène touchait 3,8 millions de ménages mais en affinant les approches, ce rapport nous apprend qu’il en touche cinq, soit 11,5 millions de personnes », a introduit Bruno Lechevin, président de l’Ademe.

L’enquête Phébus, qui va détailler les causes de la précarité énergétique par zone climatique et faire le lien avec la qualité thermique des logements habités, réalisée auprès de 10 000 ménages, sera aussi importante pour cerner l’ampleur des restrictions voire des privations, et devrait donner matière à orienter l’action publique. Les premiers éléments, dévoilés en avant-première le 3 octobre, confirment que la précarité énergétique étant liée à la consommation, elle dépend de la surface à chauffer et de la performance thermique du logement.

Le rapport de l’ONPE estime à 300 000 le nombre annuel de ménages aidés pour régler leurs charges d’énergie par le biais des fonds de solidarité pour le logement (FSL) gérés par les conseils généraux. « De 1,5 million d’euros en 2006, l’enveloppe a grimpé à 2,3 millions d’euros », illustre Alain Vallon, chef du service des aides individuelles au logement au Conseil général du Val-de-Marne. Selon l’ONPE, ce montant atteint 250 euros par ménage. Une moyenne car d’un département à l’autre, le montant varie de un à quatre. Si bien qu’à l’Unccas, on plaide pour une harmonisation des pratiques. « Il y a des départements plus pauvres, c’est ainsi. Gérer ces aides au niveau local est important », défend Jean Gaubert, médiateur national de l’énergie. Il corrobore les constats inquiétants formulés – hausse du nombre de logements non ou sous-chauffés et défend l’idée du chèque énergie prévu par l’article 60 du projet de loi de transition énergétique : « A condition qu’il soit conséquent, que les centres communaux d’action sociale et non Bercy le gèrent. Cela apportera de la visibilité au problème. Et l’aide couvrira toutes les énergies, pas que celles de réseau ».

Le système cohabitera-t-il au début avec les aides actuelles ou s’y substituera-t-il vite ? « Gare à l’effet table rase, au moment même où l’automatisation des tarifs sociaux pour le gaz et l’électricité monte enfin en puissance », alertent des responsables Solidarités chez EDF et GDF Suez.

 

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