Le “Oui, mais” des maires ruraux à Emmanuel Macron

L'Association des Maires ruraux de France (Amrf) a décidé de se prononcer en faveur d'Emmanuel Macron car elle ne peut , écrit-elle dans une lettre ouverte : "détourner le regard quand le risque pour le pays est si grand." Une position qui n'est pas pour autant un blanc-seing.

 

 

Le résultat du 1er tour de l’élection présidentielle a donc placés face à face Emmanuel Macron (En Marche) et Marine Le Pen (FN). Un fait qui n’a de cesse de perturber nombre d’électeurs, particulièrement ceux qui, en 2002 avaient vécu le face à face Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen et qui, par dizaines de milliers, s’étaient retrouvés dans la rue pour manifester contre le FN.

Aujourd’hui, pour les maires ruraux, ce face à face qui est proposé aux Français leur impose une prise de position. Dans une lettre ouverte, ils expliquent ainsi leur décision : “L’Amrf n’a pas pour principe de soutenir un candidat ou un autre et chacun fera bien entendu comme sa conscience le lui dicte. Mais les maires ruraux, “fantassins” de la République, qui sont en première ligne pour recueillir et comprendre les motivations de leurs concitoyens, ne peuvent détourner le regard quand le risque pour le pays est si grand. L’on a beau dire que le vote Frontiste est un symptôme et non une solution, tant que les gouvernements, quels qu’ils soient, n’en tiendront pas réellement compte, la trajectoire du vote sera malheureusement la même. Les Maires ruraux chérissent la Démocratie et la République et pour cela, sans tergiverser, appellent à voter pour le seul candidat qui incarne ces valeurs, Emmanuel Macron. Il ne s’agit pas pour autant de délivrer “une carte blanche” par défaut. Les maires ruraux de France demandent instamment que réponse soit donnée aux espoirs exprimés à travers le Pays.”

 

Une France rurale fatiguée, exaspérée, en colère

Après avoir posé les principes et les valeurs qui animent ce choix en faveur d’Emmanuel Macron, l’Amrf rappelle également les combats qui animent ses actions et ses revendications depuis de nombreuses années. Aussi peut-on on être sûr d’un soutien ne peut pour l’Amrf tenir lieu de blanc-seing.

L’association d’élus rappelle ainsi au candidat que la France rurale souffre d’être “maintenue à la marge et ignorée par les pouvoirs publics qui n’ont que le mot “métropolisation” à la bouche. Elle est fatiguée de devoir se battre pour conserver l’essentiel des services publics : une école qui instruit, un médecin qui soigne, un gendarme qui protège, un train qui s’arrête… Elle est exaspérée par l’absence de politique de développement et d’équilibre du territoire qui depuis si longtemps ne fait qu’aggraver la faille. Elle est en colère de ne pas voir reconnu le potentiel extraordinaire qu’elle porte en matière de capacité d’accueil de nouvelles populations, de développement économique, de ressources humaines, agricoles, culturelles, territoriales…

Rappelons que les membres de l’Association des Maires Ruraux de France ont conduit pendant plusieurs mois à travers le pays, dans la perspective de l’élection présidentielle et des élections législatives, les “Etats GénérEux de la Ruralité“. Il en est ressorti 150 propositions concrètes. 

 

Un choix raisonné pour
“une France rurale ET urbaine”

Loin des propos démagogiques de l’autre rive, nous avons écouté avec attention vos intentions fortes pour la ruralité et les précisions programmatiques qui les accompagnent“, écrit l’Amrf qui, cependant, invite le candidat à “aller bien au-delà, dans l’intérêt du pays. La France est urbaine ET rurale, avec toutes les nuances entre ces deux formes sociétales et urbanistiques. Vous le savez, vous qui avez pour devoir de les rassembler.
L’Amrf demande également à Emmanuel Macron de “sortir de l’idéologie portée par les funestes lois territoriales des derniers temps et de restituer aux territoires, à ses habitants, à ses élus, la capacité à agir en toute responsabilité. Et en tout premier lieu, à ce qui reste le socle intemporel du pays et qui plus que tout autre incarne en synthèse, la démocratie, le territoire et la population, c’est-à-dire, la Commune.” et de conclure : “Vous l’aurez compris, Monsieur Macron, c’est bien d’un, OUI MAIS, dont il s’agit !”

A bon entendeur…

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