Jean Castex s’attaque aux régions XXL

Samedi à Colmar, Jean Castex a surpris son auditoire en remettant en cause le redécoupage régional de 2015. Il a osé la comparaison avec le concordat alsacien-mosellan, que la gauche française a essayé de déconstruire à plusieurs reprises.

Simple petite phrase ou prémices d’une nouvelle réforme territoriale ? En déplacement à Colmar au siège de la nouvelle Collectivité européenne d’Alsace (CEA), la toute dernière couche de crème du célèbre mille-feuille territorial, Jean Castex n’a pas pris de gant pour démolir le redécoupage régional de Manuel Valls et François Hollande. Devant des élus alsaciens qui n’en demandaient pas tant, il a critiqué « ces immenses régions dont certaines ne répondent à aucune légitimité historique et surtout pas aux besoins croissants de nos concitoyens pour une action publique de proximité ». Présent lors du discours du chef du gouvernement, Jean Rottner, président de « l’immense » région Grand Est, est resté silencieux.
Décidément désireux de flatter ses hôtes alsaciens, le Premier ministre a comparé la réforme de 2015 et la création des treize grandes régions métropolitaines à « la tentative malheureuse d’Edouard Herriot (et du cartel des gauches, NDLR) d’en finir avec le particularisme concordataire ». Petit rappel historique : en 1924, quelques années après le retour à la France de l’Alsace et de la Lorraine, le président du conseil Edouard Herriot avait été tenté d’abroger le concordat qui régit toujours les cultes dans ce qui est aujourd’hui la CEA et le département de la Moselle, afin d’y appliquer la loi de 1905. Mais il avait dû y renoncer devant la résistance des populations locales et leur attachement à ce régime particulier accordé par Napoléon Ier.
Le dernier à s’être frotté au concordat a été François Hollande durant la campagne des élections présidentielles de 2012. Après avoir envisagé d’inscrire dans la Constitution les premiers articles de la loi de 1905, ceux relatifs à la laïcité, l’ancien président de la République avait fait machine arrière pour rassurer Alsaciens et Lorrains sur le maintien de leur particularisme. Le Sénat avait d’ailleurs enterré la proposition de loi constitutionnelle en 2016.
Au passage, en forme de dernières concessions aux Alsaciens, Jean Castex a suggéré que la CEA puisse être dotée de nouvelles compétences et confirmé qu’une commission du droit local alsacien-mosellan serait prochainement créée.

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