Zones urbaines sensibles : révélatrices d’une fracture territoriale

Le rapport annuel de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) a été remis à François Lamy, ministre délégué à la Ville. Cette année, les jeunes sont au centre du rapport de l’Onzus et la situation ne s'améliore pas, bien au contraire.

Depuis dix ans, le Rapport annuel de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles s’efforce de décrire la réalité, complexe et diverse, des quartiers de la politique de la ville pour permettre de mieux comprendre et de mieux décider. Cette année, l’illettrisme, grande cause nationale 2013, a été étudié à partir de l’enquête Information quotidienne. Fait notable : parmi les jeunes âgés de 18 à 29 ans qui ont été scolarisés en France, le taux d’illettrisme est quatre fois plus élevé en Zus qu’en dehors.
Ce rapport montre que les difficultés connues dans les quartiers prioritaires sont toujours aussi fortes. Trois indicateurs résument cette évolution :
– à niveau de qualification égale, le taux de chômage est 2 fois plus élevé en ZUS qu’ailleurs ;
– 36% des habitants des ZUS vivent en-dessous du seuil de pauvreté soit un taux trois fois plus élevé que dans les autres territoires et c’est un enfant sur 2 qui vit dans une famille pauvre ;
– 11,6% des jeunes de ZUS ne sont ni en emploi ni en formation, taux qui atteint 16% pour les jeunes diplômés.
Ces chiffres confirment que ces quartiers vivent la crise plus durement qu’ailleurs et qu’il y a bien, souligne le Ministère “une fracture territoriale dans notre pays”.

 

Des femmes retirées de la vie active

Ces difficultés sociales ont des conséquences sur la cohésion sociale et le vivre ensemble dans les quartiers : 40% des femmes de ZUS ne sont pas seulement sans emploi mais se sont retirées de la vie active. Ce rapport démontre également qu’à la concentration des inégalités, s’ajoute d’autres obstacles dans le parcours de vie des habitants des quartiers. Par exemple plus de la moitié des élèves de seconde issus des ZUS sont orientés vers les filières professionnelles ou technologiques contre un élève sur 4 ailleurs, un jeune diplômé sur 7 n’est ni en formation ni en emploi. “Au-delà du renforcement des moyens en direction des territoires en politique de la ville, il nous revient de faire tomber toutes les barrières qui se dressent devant ceux qui s’inscrivent dans un parcours d’intégration ou d’insertion”, souligne le Ministère.
Ainsi, le fonctionnement des services publics doit être repensé pour offrir aux habitants des ZUS les mêmes chances et les mêmes choix qu’à ceux qui résident dans les autres territoires. Des mesures telles que les emplois francs “coup de pouce républicain” aux jeunes diplômés des ZUS ou le développement des dispositifs de réussite éducative et la refondation de l’éducation prioritaire doivent permettre de diminuer ces inégalités territoriales.

 

Une adhésion aux valeurs de la République

Il apparait aussi que malgré les difficultés, il n’y a pas de résignation dans ces quartiers. Contrairement aux idées reçues, la jeunesse en ZUS réaffirme au fur et à mesure des études et des rapports son adhésion aux valeurs de la République, sa conviction que le travail est un levier majeur d’inclusion, sa confiance dans l’école comme vecteur d’ascension sociale et de réussite.
“Cette situation confirme la volonté du gouvernement de poursuivre le chantier de refondation de la politique de la ville notamment le choix de la concentration de pauvreté comme critère unique des futurs quartiers prioritaire et le renforcement de l’ensemble des politiques publiques dans ces quartiers, engagé par la signature de 10 conventions d’engagements entre le ministre de la Ville et ses collègues ministres”, conclut le Ministère.

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