Résilience urbaine : Paris et le Grand Paris veulent donner l’exemple

L'enjeu de la résilience urbaine a été mis à l'honneur de la deuxième édition de "Cities for Life", une conférence internationale qui vient de réunir à Paris plus de 100 municipalités, dont une soixantaine de maires de métropoles de différents pays. Soucieuse de donner l'exemple, la ville de Paris construit, en relation avec la métropole du Grand Paris, sa propre stratégie de résilience.

Le concept n’intéresse plus seulement les chercheurs et experts de la ville durable, mais aussi les élus et grands délégataires de services publics comme Veolia. “Une ville résiliente, c’est une ville sobre, qui utilise intelligemment tous les moyens à sa disposition pour progresser et anticiper les coups durs qui peuvent la frapper”, a ainsi tenté de définir Antoine Frérot, PDG de Veolia, lors de son intervention le 21 novembre au “sommet mondial pour des villes inclusives, innovantes et résilientes”, qui a réuni des réseaux de villes en partenariat avec l’OCDE, et à laquelle ont participé des maires aussi divers que ceux de Rome, de Stockholm, de la Nouvelle-Orléans, de Genève, d’Athènes ou encore de Dakar.

 

Un changement de fond

“C’est une ville qui parvient à conjuguer les enjeux d’inclusion sociale, de défi climatique, d’accueil des réfugiés. C’est savoir ne pas se perdre, même quand le pire se produit”, a appuyé la maire de Paris, Anne Hidalgo. “Et qui intègre les technologies numériques et digitales pour ne pas s’isoler et rester attractive”, a complété Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis (ex-ERDF). Au-delà de la technologie, c’est aussi savoir, rappelle pour sa part le professeur et spécialiste du sujet Carlos Moreno, “ne pas se couper de l’adhésion citoyenne, indispensable pour opérer un changement de fond”.

 

Un poste unique en France

On le voit, le sujet interpelle et les analyses sont fécondes. Mais concrètement, quelle retombée au sein des collectivités ? Quoi de neuf au cœur des organisations municipales ? Une discrète nouveauté, depuis un an : soucieuse de donner l’exemple et de progresser sur le sujet, la ville de Paris a nommé en son sein un “haut responsable de la résilience”, suite à une signature de convention passée entre la collectivité et une fondation caritative américaine, la fondation Rockefeller, qui anime le réseau des 100 villes résilientes auquel participent d’autres villes comme Bristol, Sydney, Rotterdam ou Mexico. Un poste unique en France, financé pendant deux ans par la fondation, même si le cadre territorial nommé, à savoir Sébastien Maire, auparavant directeur de cabinet de l’ancienne maire de Montreuil Dominique Voynet, est bien salarié de la collectivité. Charge ensuite à la ville de s’emparer du sujet en pérennisant par exemple ce poste. Et, d’ici là, à ce haut responsable de mobiliser les parties prenantes du territoire et l’expertise municipale pour proposer une stratégie sur cet enjeu très transversal et nécessitant de convaincre tout un écosytème et des élus pas toujours sensibles “à cette approche intégrée et holistique du développement territorial”.

 

Une stratégie d’ici l’été 2017

Pour l’accompagner dans l’élaboration de cette stratégie de résilience, il bénéficie, via le réseau des 100 villes résilientes, des services d’un bureau d’études et d’un réseau de prestataires, d’entreprises, d’universitaires, de laboratoires et d’associations. “Par ailleurs, les cent responsables de la résilience à travers le monde fonctionnent en réseau et s’organisent en groupes thématiques pour produire des livrables pour l’ensemble du réseau”, précise-t-il. La phase de diagnostic vient de se terminer, durant laquelle près de 400 parties prenantes internes et externes à la ville ont été consultées. Des ateliers de travail et études complémentaires restent à mener. “Et il nous faut maintenant s’imprégner de ce diagnostic pour élaborer la stratégie, en élargissant la réflexion à l’échelle de la métropole du Grand Paris. Les défis ne s’arrêtent pas à la frontière de la ville, le travail pour construire la résilience non plus. Paris devient ainsi une des rares villes à intégrer une dimension métropolitaine dans sa réflexion de résilience”, explique Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris chargée du développement durable, de l’environnement, de l’eau et du plan climat énergie territorial. Le but est d’aboutir sur des orientations stratégiques à présenter aux élus et de mettre au débat et voter l’ensemble au Conseil de Paris d’ici l’été prochain.

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