Report modal : la région Île-de-France ne veut pas assumer seule le coût du Navigo à tarif unique

Faut-il sauver le soldat Navigo ? Et si oui, comment ? Depuis le 1er septembre, l'ex-carte orange permettant de voyager sur l’ensemble du réseau d’Île-de-France (sauf Orlyval) est passée au tarif unique. Mais son financement pose problème.

La mise en place du passe Navigo à tarif unique fut une bonne nouvelle pour ceux qui traversent la région pour aller travailler. Présentée comme une mesure de justice sociale, visant à « casser les logiques d’enclavement », elle n’en reste pas moins compliquée à financer, en raison de la perte de recettes émanant des voyageurs qu’elle induit. 2016, première année pleine du Navigo dézoné, devrait engendrer pour le conseil régional 400 millions d’euros de recettes en moins. Un chiffre à prendre avec des pincettes, tant il reste délicat à évaluer.

Équilibre à trouver
Le financement du passage d’une tarification dégressive ou zonale vers la tarification unique ne semble pas complètement acté. Le dossier est d’autant plus sensible qu’il est très politique : la décision a été prise lorsque la région était sous la présidence socialiste de Jean-Paul Huchon. Le basculement à droite change la donne. Aussitôt élue présidente de la région, Valérie Pécresse, a alerté le 7 janvier le Premier ministre sur l’urgence financière que constitue le sauvetage du passe Navigo à tarif unique. La région ne peut en assumer seule le coût. Il manquerait selon elle 300 millions d’euros par an pour le financer ! L’augmentation du versement transport (VT, payé par les entreprises) financerait la moitié de la mesure. Mais qui paiera le reste ?

Ticket perdant
Le cas francilien n’est pas isolé. Serpent de mer du secteur, la faible couverture des coûts d’exploitation des transports collectifs par les recettes émanant des voyageurs est un enjeu prégnant depuis des années. Élus, opérateurs, associations tirent la sonnette d’alarme et cherchent des pistes pour sortir d’une logique de paupérisation dans laquelle tend à s’embourber le transport public. Même si cette part des recettes voyageurs dans le coût global des transports publics urbains est plus élevée en Île-de-France que la moyenne française – elles couvrent 41% des coûts d’exploitation selon le Stif, contre 20 % en moyenne en France – ce manque à gagner risque de réduire la capacité d’investissement sur un réseau qui en a profondément besoin.

Une fausse bonne idée ?
Pour doper l’attractivité de leurs réseaux et conquérir une nouvelle clientèle, plusieurs collectivités, départements en tête, basculent vers la tarification unique. Mais se priver de recettes commerciales ne risque-t-il pas de plomber l’offre ? Même les associations d’usagers trouvent qu’il s’agit là d’« une fausse bonne idée ». Le tarif unique est remis en cause pour le risque qu’il comporte : risque que le boom de la fréquentation ne compense pas la baisse du prix et plombe les finances de la collectivité. L’enjeu dépasse le cadre francilien et passionne un secteur du transport, où les régions ont plus leur mot à dire qu’auparavant suite aux réformes territoriales.

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