Piétonisation des berges de Seine : une suite de pavés dans la mare

La commission d'enquête publique sur le projet de piétonisation des berges de la rive droite de la Seine a abouti le 8 août à un avis défavorable. La maire de Paris veut maintenir le projet. La Région souhaite qu'elle revoie sa décision.

Ce projet de reconquête des voies sur berge consiste à fermer à la circulation la voie Georges Pompidou parcourant le quai bas de la rive droite et à y remplacer les actuels équipements routiers par des aménagements sobres en grande partie végétalisés et facilement démontables en cas de crue de la Seine (contraintes PPRI et loi sur l’eau). Son coût : 8 millions d’euros. Sa complexité : les sites et paysages y font l’objet de nombreuses protections, notamment du fait du classement d’une partie des quais de Seine au titre du patrimoine mondial de l’Unesco. Après avoir synthétisé les observations du public à l’issue d’une enquête réalisée cet été et les réponses et remarques en retour de la Ville, la commission d’enquête publique vient de pointer d’autres sources de difficultés dans son rapport publié le 8 août.

 

Des impacts maîtrisés ?

Elle rapporte que plusieurs avis « soulignent l’insuffisance des études relatives au transfert des flux de circulation et aux effets sur la pollution et le bruit ». Et que le périmètre choisi pour l’enquête publique – les quatre arrondissements (1er, 4ème, 7ème, 12ème) sur lesquels la concertation préalable s’est tenue – est contesté par des élus d’arrondissements voisins qui s’estiment « directement concernés par les conséquences du projet notamment sur la circulation, mais aussi sur la pollution et le bruit ». Des élus des communes périphériques notamment du Val de Marne sont aussi montés au créneau. La commission estime que « pour être sincère et permettre d’en apprécier l’intérêt public l’enquête » aurait dû être élargie à l’ensemble des « zones dans lesquelles ce projet est susceptible d’entraîner des conséquences positives ou négatives notables ». Elle pointe en outre les reports de circulation qu’entraînerait la fermeture de la voie sur berge et les défauts de l’étude d’impact qui « ne permet pas d’établir la réalité de la réduction de la pollution automobile induite par la fermeture de la section de la voie Georges Pompidou envisagée ».

 

Un avis non suivi d’effets

Pour les associations cyclistes, qui estiment ne pas avoir été entendues par cette commission d’enquête publique, de tels arguments sont « le reflet du poids des conservatismes ». Quant à Anne Hidalgo, elle a décidé de ne pas suivre son avis consultatif qu’elle juge « en contradiction avec la volonté affirmée par une nette majorité des Parisiens qui sont plus de 60% à être favorables à cette piétonisation » : « Aucune commission ne peut s’opposer ou paralyser l’expression démocratique, encore moins avec des arguments aussi insuffisants que ceux présentés dans le rapport de la commission d’enquête. Ils semblent tellement caricaturaux, si peu nuancés, que bon nombre de Parisiens risquent même de penser qu’il s’agit d’un rapport partial et à charge ». Au prochain Conseil de Paris, la maire socialiste présentera une délibération visant à valider définitivement ce projet et « cette étape décisive dans la lutte contre la pollution et la reconquête de leur fleuve par les Parisiens ». La Région Île-de-France demande de son côté une enquête publique élargie au périmètre régional, « afin que ce projet puisse être réexaminé et accompagné de mesures compensatoires – parkings aux portes de Paris, protections phoniques, solutions alternatives de transport – qui le rende acceptable pour tous ».

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