Consommations d’énergie des collectivités : le bâtiment pèse toujours aussi lourd

Une étude de l'Ademe révèle que les consommations énergétiques du patrimoine bâti des collectivités continuent de croître. Dans le contexte d’entrée en vigueur du décret tertiaire, il y a urgence à les réduire. D'autant que des solutions existent, souligne un guide diffusé à l'occasion du salon des maires.

Plus des trois-quarts des consommations d’énergie des collectivités dépendent du bâtiment. Et ces consommations sont en hausse, révèle une étude quinquennale publiée le 20 novembre par l’Ademe avec l’appui de la Caisse des Dépôts et de réseaux d’élus (FNCCR), d’ingénieurs territoriaux (AITF) et de conseillers en énergie partagés (CEP). L’étude porte sur des données de 2017. Malgré la baisse observée des consommations d’énergie liées à l’éclairage public et aux transports, et en tenant compte des variations climatiques, elle pointe une hausse de 13% pour ce patrimoine bâti, qui reste « responsable de la majorité des émissions de CO2 des communes ».

Gaz naturel et électricité sont les deux énergies les plus consommées. Ce qui interroge sur les facteurs de cette hausse. Est-ce dû à l’augmentation des surfaces chauffées ? Aux besoins croissants liés à la bureautique ? Au déficit d’actions de maîtrise de l’énergie ? L’enquête ne permet malheureusement pas d’y répondre. Elle éclaire cependant sur les travaux de rénovation qui sont effectués, principalement centrés sur les ouvrants et l’éclairage. Des travaux souvent entamés mais pas achevés. Signal positif, une progression du recours aux énergies renouvelables sur ce patrimoine bâti.

La loi Elan impose aux collectivités dotées de bâtiments d’une surface supérieure à 1000 m². Le décret dit tertiaire qui fixe les obligations d’actions de réduction des consommations d’énergie est paru l’été dernier. Son arrêté d’application reste attendu. Il déterminera les seuils de performance énergétique à atteindre. Actuellement en consultation, il sera publié début 2020, a précisé le ministre Julien Denormandie à l’issue d’un point d’étape à Paris mi-novembre avec les acteurs de la rénovation.

Pour agir, les communes ont tout intérêt à mutualiser le coût que représente l’embauche d’un agent en charge de la gestion de l’énergie. « Moins de la moitié des communes en disposent », souligne l’enquête de l’Ademe. Celles qui ont franchi le pas réalisent en moyenne un gain de 15% sur leur facture énergétique, « soit trois fois plus que la moyenne de toutes les communes ». En parallèle se poursuit sur le plan national une dynamique de mobilisation visant à rénover plus de bâtiments éducatifs. Une vingtaine d’actions ont d’ailleurs émergé dès la mi-2018 sur cet enjeu dont l’idée d’un vaste plan ciblant le parc éducatif « de la maternelle à l’université ». Le parc de bâtiments des collectivités locales n’est pas plus performant. Composé en majorité de bâtiments d’enseignement (crèches, écoles, collèges et lycées), il est aussi âgé qu’énergivore. À elles seules, les écoles représentent en moyenne 30 % des consommations des bâtiments communaux.

Un guide de bonnes pratiques diffusé à l’occasion du Salon des maires par l’Ordre des architectes, et construit à partir de retours d’expérience de maires et d’élus locaux, délivre des recommandations, notamment pour massifier ces rénovations de bâtiments d’enseignement (crèches, écoles, collèges et lycées). « À elles seules, les écoles représentent en moyenne 30 % des consommations des bâtiments communaux. La mobilisation du maire et de son conseil municipal est indispensable pour qu’une commune gagne en sobriété énergétique. Car le maire dispose d’une connaissance fine du patrimoine communal, du tissu socio-économique local mais aussi de l’histoire du lieu ».

Photo : Hôtel de ville de Bourg-en-Bresse, crédit Serge Buathier

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