Muttersholtz, nouvelle capitale française de la biodiversité

Après Grande-Synthe, Montpellier, Lille, Niort, Strasbourg et Rennes, Muttersholtz (Bas-Rhin) devient la nouvelle capitale française de la biodiversité. Une fois n'est pas coutume, le jury distingue un petit village de 2.000 habitants, "territoire reconnu d'innovation" du centre Alsace administré par un "maire engagé" qui a fait de la biodiversité, avec l'énergie, "l'enjeu majeur de la politique communale".


La commune de Muttersholtz (Bas-Rhin), près de Sélestat, a été élue capitale française de la biodiversité 2017. Quatre-vingt-huit villes et intercommunalités s’étaient portées candidates pour la septième édition de ce concours organisé par Plante & Cité (centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville) et Natureparif, une structure sur le point d’intégrer le pôle environnement de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France (IAU Ile-de-France) pour constituer l’Agence régionale pour la biodiversité (ARB).
Thème central de ce cru 2017 : “Aménager, rénover et bâtir en favorisant la biodiversité”. La vingtaine de collectivités finalistes ont bénéficié d’une visite pour en sonder les actions : ces rapports de visites détaillés, émaillés d’exemples concrets et en ligne ici, constituent pour les collectivités en mal d’inspiration une mine d’informations sur ce qu’il est possible de faire avec un peu de volonté. Par ailleurs, un benchmark des actions des collectivités participantes en 2017 sera consultable dans le courant de l’automne prochain. D’ici là, le 17 octobre, seront remis, dans les locaux conjoints des ministères du Logement et de l’Environnement, les trophées aux lauréats de cette édition 2017, avant qu’une autre démarre sur le thème de la conception et gestion écologique des espaces de nature.


Une politique publique forte

Cette édition 2017 a mis en avant l’intégration de la biodiversité dans les projets d’aménagement et de rénovation, ainsi que le rôle des collectivités pour assurer la préservation et la restauration des fonctions écologiques. A Muttersholtz, “ce n’est pas forcément la taille qui compte mais bien la volonté politique, la cohérence de l’action, la mobilisation des acteurs du territoire au service de la transition écologique”. Le PLU y est en cours d’élaboration et son volet PADD (Projet d’aménagement et de développement durable) a été adopté. Le jury estime que la commune mène “depuis de nombreuses années” une politique publique forte en termes “de maîtrise foncière et de restauration de la trame verte et bleue sur son territoire rural”. Face à l’avancée tout autour des cultures céréalières intensives, ce village “apparaît comme un oasis d’écosystèmes variés en comparaison avec le paysage de monocultures de maïs qui s’étend aux alentours”.


Une biodiversité pourvoyeuse d’emplois

Socle fondateur de son action communale : la préservation des paysages de ried et de prés inondables. Muttersholtz a aussi séduit avec son outil phare, la première maison de la nature accueillie en France il y a quarante-cinq ans – aujourd’hui, la commune en a trois ! D’où une forte sensibilisation de la population et le classement de plus de la moitié du ban communal en zone Natura 2000. “Le maire estime que près de 180 emplois de la ville sont liés à la reconquête de la biodiversité”, lit-on dans le rapport de visite. La commune a pris le parti de faire respecter les réglementations et de surveiller les espaces naturels. Formation d’une “brigade verte” s’appuyant sur des gardes-champêtres intercommunaux, exemplarité sur son propre patrimoine (végétalisation de bâtiments publics), application de longue date du zéro phyto… Elle dispose aussi de zones de verger préservées et a su développer des activités économiques en lien avec la nature et l’écoconstruction. Par exemple – idée facilement réplicable ailleurs – un “sentier pied-nus” (SensoRied), une nouveauté en France inspirée des parcs sensoriels outre-Rhin.


Cinq autres collectivités distinguées

Trois autres collectivités sont distinguées d’un titre national au regard du thème 2017. Il s’agit de Rosny-sous-Bois, dans la catégorie des villes moyennes. Cette ville de Seine-Saint-Denis offre selon le jury “un des exemples les plus aboutis d’écoconstruction de bâtiments scolaires”, avec la construction de l’école des Boutours 1 et 2. Une éco-maternelle ouverte il y a trois ans y a été conçue en réduisant l’impact de sa construction sur l’environnement et la biodiversité. Le recours aux matériaux biosourcés y a été systématisé. Une seconde école en cours de construction minimise également l’ensemble des impacts du chantier sur l’environnement (origine des matériaux, distances, processus de fabrication, moyens de transport, etc).

 

Inspirer d’autres collectivités

Strasbourg (Bas-Rhin), déjà capitale française de la biodiversité en 2014, remporte la palme de la meilleure grande ville pour la biodiversité 2017, “pour son action globale en faveur de la biodiversité depuis les documents d’urbanisme et de planification, l’aménagement de friches industrielles en nouveaux parcs urbains ou encore la dynamique de végétalisation citoyenne de l’espace public qu’elle anime et soutient”. Enfin, la communauté de communes Val d’Ille-Aubigné (Ille-et-Vilaine) est désignée meilleure intercommunalité pour la biodiversité 2017, “pour son action de préservation et de restauration concrète de la trame verte et bleue sur son territoire par l’aménagement de passages à faune notamment et ses efforts en matière d’écoconstruction d’un équipement public”. Deux prix régionaux ont en outre été décernés à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), pour couronner “son action continue de préservation et de valorisation de ses terres agricoles, forestières et naturelles”, ainsi qu’à Versailles (Yvelines), “pour son travail pionnier de transformation paysagère de ses cimetières afin d’éviter l’usage de désherbants toxiques pour l’homme et la nature – un travail qui a inspiré de nombreuses autres collectivités et va beaucoup plus loin que l’obligation désormais réglementaire pour les acteurs publics de ne plus utiliser de pesticides chimiques sur certains de leurs espaces ouverts au public”.


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