L’Etat, les opérateurs et les collectivités repensent l’avenir du covoiturage


Dans le cadre des Assises nationales de la mobilité qui viennent d’être clôturées , les propositions de mesures visant à booster le covoiturage, notamment celui dit de proximité, ont afflué de toutes parts.

 

Bonus écologique de l’Etat aux utilisateurs de services de covoiturage, stationnement dans les centres urbains à des tarifs réduits, expérimentations dans des territoires pilotes d’une “taxe à la détention intelligente” du véhicule, développement de voies dédiées et d’un label pour “créer un élan national”, agréer des opérateurs et, via des preuves de covoiturage, permettre “aux autorités administratives de délivrer des avantages monétaires ou non monétaires sans risque de fraude massive”… Dans le cadre des Assises nationales de la mobilité, les propositions visant à booster le covoiturage, notamment celui dit de proximité, n’ont pas manqué.


Les collectivités associées

Le groupe de travail qui s’est principalement emparé du sujet (voir les synthèses des travaux), piloté par Gabriel Plassat de l’Ademe, a en effet eu la bonne idée d’associer à la réflexion des administrations (DGITM, DGCCL) et associations, des partenaires naturels des collectivités comme le Cerema et des autorités organisatrices comme Ile-de-France Mobilités (l’ex-Stif), mais aussi la région Auvergne-Rhône-Alpes ou le département de l’Isère, ainsi que des réseaux d’élus comme Régions de France. Qu’en ressort-il ? “La nécessité, entre autres, que la future loi d’orientation intègre de bons ajustements pour que les collectivités se saisissent mieux de l’enjeu”, avance Olivier Binet, président de la jeune pousse Karos, qui a participé à ces réflexions.

Peu développé en France mais jugé à fort potentiel, le covoiturage dit de courte distance est freiné par le faible intérêt financier (pour le conducteur et le passager) mais aussi, comme l’estime ce groupe de travail, par “la difficulté à gérer des changements sur des trajets quotidiens que les plateformes de mise en relation cherchent à surmonter au travers des systèmes d’évaluation des usagers, des contraintes plus fortes de déplacement (respect d’horaires de travail), ainsi qu’une potentielle incertitude quant au trajet retour (risque d’empêchement du conducteur)”. Pour les dépasser, les solutions recherchées visent à encourager la pratique “en complémentarité et non en concurrence des transports collectifs” et en atteignant localement des masses critiques d’utilisateurs, avec des différences et en s’adaptant aux spécificités des territoires.


Doser par territoire

A Lyon par exemple, Pierre Soulard, responsable de la mobilité urbaine à la métropole, explique que l’expérimentation d’une voie réservée au covoiturage dynamique – “en cours de préparation et qui représente en soi une forme de bonus aux covoitureurs” – va se faire dans le cadre d’un effort global d’apaisement des circulations motorisées et de régulation du trafic. Et ce non sans lien, donc, avec le déclassement de l’autoroute A6-A7 (portion de 16 km) que la métropole s’approprie pour créer, en plus de cette voie dédiée (aux covoitureurs, véhicules électriques, taxis et VTC), un transport collectif en site propre d’ici 2020.
Autre exemple, en zone rurale cette fois. “Sur le territoire du parc naturel régional des Grands Causses, nous misons, en plus du rabattement sur la ligne de bus Rodez-Millau à la cadence renforcée, sur un savant dosage entre de l’implantation d’aires de covoiturage, de la mise en autopartage de flottes de véhicules existantes (dont celle du parc en septembre prochain) et de l’auto-stop organisé via le réseau Rezo pouce. Lequel fonctionne très bien dans les villages grâce à un travail sur le terrain avec les mairies, les commerçants et les acteurs de l’emploi”, illustre Arnaud Boudou, directeur général adjoint de ce PNR.


Droit à l’expérimentation

En plus de créer un label national (mesure 1 du groupe de travail évoqué), il a été mis en avant l’importance, dans le futur texte de loi, “de donner un maximum de liberté aux acteurs locaux car ils connaissent bien les besoins et les contraintes, pour initier, sélectionner les meilleurs opérateurs de covoiturage et expérimenter des solutions qui correspondent aux besoins des citoyens”. Quant à l’idée d’une taxe à la “détention intelligente” du véhicule, elle est issue d’un autre groupe de travail, celui sur les modèles économiques innovants. L’idée serait que cette taxe soit “modulée en fonction de la densité urbaine”, voire d’autres paramètres, et qu’elle accorde “des rabais voire une prime aux détenteurs de véhicules lorsqu’ils mettent ceux-ci en partage ou covoiturent”. Cette taxe serait donc “éventuellement négative en cas d’utilisation vertueuse du véhicule”. Selon ce groupe de travail, “la loi pourrait prévoir la possibilité pour les collectivités locales d’expérimenter un tel dispositif”.


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