Les maires ruraux en assemblée interpellent les candidats à la présidentielle

 

L'Association des maires ruraux de France (Amrf) tenait son assemblée générale le 19 mars à Lyon. Une AG énergique au cours de laquelle les élus ruraux ont adopté trois motions qu'ils souhaitent bien faire entendre aux candidats à la présidentielle.

 

Au cours de l’année 2016, et à la veille de l’élection présidentielle, l’Amrf qui fédère quelque 10.maires, a porté la voix de la ruralité à travers plusieurs initiatives : la préparation d’un ouvrage sur la ruralité auquel contribuent les associations nationales engagées à nos côtés et la parution de tribunes dans le mensuel 36.000 Communes, rédigées par des observateurs et acteurs de la ruralité.

Et puis il y a eu, le 18 mars dernier, les “États générEux de la ruralité”. Pour réfléchir sur l’avenir du monde rural, l’Amrf a travaillé au plus près des associations départementales, et a ainsi dégagé 150 propositions qui ont été adoptées lors de son congrès le 18 mars à Lyon. Ces dernières seront adressées aux candidats aux élections présidentielle et législatives.

 

Il est où l’État, il est où ?

Lors de l’assemblée générale, ce sont trois motions qui ont été adoptées. La première concerne le retour de l’État dans les territoires ruraux. Les élus ruraux dénoncent en effet le retrait et l’absence progressive de l’État dans ses missions d’accompagnement et de conseil aux communes. Ils regrettent que celui-ci ait “d’abord l’objectif de contrôler les communes, ce qu’elle fait par ailleurs de manière aléatoire donc non sécurisante pour les communes, plutôt que les accompagner juridiquement et techniquement (urbanisme, normes, sécurité,…).

Pour l’Amf, la décision de L’État de supprimer des postes de fonctionnaires dans les préfectures et de ses services déconcentrés a des conséquences fortes sur le fonctionnement des territoires ruraux et la sécurisation de l’action des maires. “Son choix de s’effacer se poursuit, années après années, sous diverses formes : réforme des implantations territoriales de l’État (gendarmeries, services déconcentrés régionaux, sous-préfectures…), appauvrissement qualitatif des fonctions d’aide et de conseil des services déconcentrés aux communes, etc…les retraits significatifs dans les territoires ruraux alimentent le sentiment d’abandon perçu par les habitants de ces territoires.
Les maires ruraux proposent donc de revisiter le périmètre et les modalités d’action de l’État pour diminuer la charge de travail des fonctionnaires et redéployer les postes de l’administration centrale vers les territoires.

 

Monsieur le maire, vos papiers !

La deuxième motion milite pour la modification de l’instruction des demandes de cartes nationales d’identité. Et les élus ruraux sont clairs : “Dans le but de simplifier la vie de nos concitoyens, les communes doivent rester le premier point d’accès pour les démarches nécessitant un contact humain. Elles doivent être aidées à assumer ce rôle déterminant dans la présence concrète auprès des Français pour leur permettre d’effectuer les démarches de la vie quotidienne. Ils partagent l’objectif de sécurisation des titres d’identité, concrétisé dans le décret du 28 octobre 2016. Néanmoins, cette fin ne saurait s’imposer à deux autres exigences tout aussi importantes de proximité et de mobilité. Les nouvelles modalités imposées par l’État pour la délivrance des cartes d’identité sont inadaptées et défectueuses.
Les maires ruraux exigent donc que l’État trouve une solution technique pour que toutes les mairies de France soient à nouveau intégrées dans le système de dépôt et de remise aux demandeurs.

 

Un rural est égal à un urbain

Troisième et dernière motion, celle contre la hiérarchisation des citoyens et des territoires. Et sur ce point précis, mes maires ruraux sont vraiment très en colère et dénoncent “l’idéologie urbaine que portent l’administration et une partie du champ politique et médiatique. La conséquence en est la définition de politiques publiques qui se font souvent au détriment de la recherche d’équilibre entre les territoires.”

Les maires ruraux de France :
– Exigent des lois de finances l’égalité de traitement des habitants où qu’ils habitent ;
– Affirment le dogmatisme des lois “MAPTAM” et “NOTRe”, qui accentue les déséquilibres territoriaux sous couvert de structuration territoriale ;
– Demandent l’abandon de cette vision erronée de l’aménagement du territoire et l’instauration d’un dialogue bienveillant et co-constuit entre rural et urbain;
– Une nouvelle répartition plus équitable des sièges dans les éxécutifs pour les communes rurales dans les nouvelles intercommunalités ;
– Demandent aux candidats à l’élection présidentielle de faire connaître leurs positions sur cette question majeure de l’équilibre et de l’aménagement des territoires, aujourd’hui complètement absent du grand débat national.

La balle est désormais dans le camps des candidats…

Laisser un commentaire