Le stylo Bic se recycle en mobilier urbain

La société Bic souhaite créer sa propre filière de recyclage de plastique. Elle vient
de lancer une gamme de mobilier urbain conçus à partir de stylos usagés. Un exemple
innovant d’économie circulaire et une nouvelle occasion de verdir les appels d'offres.

 

Le stylo Bic, le roi des stylos à bille, présente l’inconvénient, comme tous ses congénères, de finir sa vie dans la poubelle des ordures ménagères. Sans être recyclé. Au mieux, il sera incinéré avec ou sans valorisation énergétique, au pire, il sera enfoui en décharge.
Le corps d’un stylo est en effet souvent constitué de différents plastiques en mélange, ce qui rend son recyclage particulièrement compliqué. Sans parler des encres.

 

Une collecte auprès des écoles

Géante du secteur, avec 15,500salariés dans le monde pour un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards d’euros, l’entreprise Bic en est bien consciente. Pour y remédier et verdir son image, elle a lancé en 2011 un programme de collecte des « instruments d’écriture » usagés. Outre les stylos à bille, sont aussi acceptés les surligneurs, feutres, marqueurs, porte-mines, correcteurs en tube ou en souris. Peu importe leurs marques ou leurs matières. C’est l’entreprise TerraCycle, avec qui Bic a noué un partenariat, qui est chargée de la collecte sur le lieu de consommation du produit. Donc essentiellement, les écoles et les bureaux. Le fait de trier sur le point de consommation permet d’optimiser le volume collecté et d’effectuer un pré-tri.
TerraCycle met à disposition un site internet, où les équipes de collecte peuvent s’enregistrer volontairement. Ces équipes sont en majorité des écoles (60 %), puis des collectivités (15 %) et associations (15 %), et enfin des entreprises (10 %).

 

bic

 

A ce jour, il existe 4 102 points de collecte en France, et environ 7 000 à l’échelle européenne. Lorsqu’au moins 20 kg de déchets sont collectés, soit 2 000 instruments d’écriture, TerraCycle passe les chercher et les entrepose à son siège à Lille. Bic verse alors un don de 1 centime par instrument d’écriture collecté, soit 20 euros qui vont à une association ou à la coopérative scolaire, au choix de l’équipe de collecte.
Après la France, Bic a étendu sa zone de collecte à l’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse, la Hollande, la Belgique et l’Espagne. Aujourd’hui, au total, 25 millions d’instruments d’écriture, soit 250 tonnes de déchets ont été collectés.

 

Un partenariat avec TerraCycle, Govaplast et Plas Eco

La dernière intervention de TerraCycle consiste à trier et broyer ces différentes matières. Ensuite, la société Govaplast fabrique des planches en plastique à partir des pellets ou paillettes. « Ce qui nous intéresse, c’est le recyclage du plastique post-consommateurs, qui pour l’instant est quasiment méconnu. Nous avons donc recherché une application qui ait du sens et qui réponde à un besoin identifié» explique Bénédicte Cusinberche, directrice développement durable Europe à Bic .
C’est ainsi que Bic a identifié le mobilier urbain comme débouché intéressant et a pris contact avec la société Plas Eco, spécialisée dans la fabrication de mobilier urbain d’extérieur en plastique recyclé. « Le mobilier en plastique recyclé est très résistant, il est garanti 10 ans et n’a besoin d’aucun entretien » justifie Bénédicte Cusinberche.

 

Les scolaires, cible prioritaire

Après un an de recherche, la nouvelle gamme nommée Ubicuity est née début octobre. Elle est prioritairement destinée aux écoles (maternelles et primaires), collèges et lycées. « L’idée de départ est pédagogique : le petit stylo recyclé revient à l’école sous forme de banc. La cible privilégiée est donc le scolaire, mais ce mobilier convient également à tous les espaces publics extérieurs » explique Etienne Valat, président de Plas Eco.
La gamme se décline en jardinets pédagogiques et bancs pour les écoles, banquettes et assis-debout pour collégiens et lycéens, tables de pique-nique et tours d’arbre pour protéger l’arbre et s’asseoir.
Elle intègre 80 % de stylos recyclés à ce jour, mais ce pourcentage pourrait monter à 100 %. Les 20 % restant sont aussi issus de plastiques recyclés, mais ne proviennent pas de la filière Bic.
Lors de la vente de mobilier, Bic va recevoir une redevance de la part de Plas Eco. « Cette redevance doit nous aider à élargir la collecte pour augmenter le tonnage. Notre objectif est de montrer qu’il est possible de redonner de la valeur à un déchet en trouvant un modèle économique viable » explique Bénédicte Cusinberche. Bic se laisse 1,5 an d’observation pour voir si la vente fonctionne aussi bien que la collecte. Si la société démontre que ce modèle est rentable, gageons qu’il en intéressera plus d’un.

 

Plas Eco : 20 ans d’expérience dans le plastique recyclé

Basée à Verson (14), la société Plas Eco conçoit, fabrique et distribue du mobilier urbain en plastique recyclé depuis 20 ans. Son gisement provient du recyclage des poubelles ménagères. Elle emploie de 25 à 30 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros. Celui-ci a progressé de 10 % en 2017. Ce qui est rare sur le marché des collectivités locales, qui est plutôt en retrait. « La tendance est une évolution vers des produits de plus en plus écologiques et recyclables. Ce changement de mentalités s’observe à travers les appels d’offres et les marchés de gré à gré. En outre, les retours d’expériences que nous avons aujourd’hui montrent aussi que nos produits résistent bien aux intempéries, aux champignons, aux graffitis, à la rouille, etc. » se réjouit Etienne Valat, président de Plas Eco. En outre, en fin de vie, ces matériaux sont à nouveau recyclables.

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