La Valse du singe de Pascal Fournier : un manifeste dada dans le grand bain de la politique

Brillant ! Pascal Fournier nous livre avec La Valse du singe (Le Passeur Editeur) au travers de personnages fictifs et de situations mélodramatiques, une critique acerbe de ce que la politique a de plus noir : la lutte pour le pouvoir comme une fin en soi.

Comme le rappelle l’auteur dans un postlude qui sonne comme une préface “Dans cette histoire, personne ne se reconnaîtra, mais tout le monde s’y retrouvera. Les personnages (…) sont totalement imaginaires, seuls leurs comportements et certains dialogues pourraient être authentiques”. Pascal Fournier a été maire-adjoint à la Culture de Boulogne-Billancourt et les situations qu’il dépeint avec brio, pourraient être reconstituées en histoires véritables pour peu qu’on les remette dans l’ordre. Un peu comme un puzzle, en somme, dont il aurait forcé les pièces pour une autre composition que ce pour quoi elles étaient dessinées. “Forcé”, c’est le mot, car la critique est excessive. Mais comment, autrement, se faire entendre des élus ? Les supplier de ne pas laisser filer l’intérêt public, raison supérieure de leur engagement ?

L’aventure est croustillante. Elle se passe à Boulogne-Billancourt où depuis des décennies maintenant, l’ennemi politique est du même camp. Le grand jeu de l’élection provoque des manœuvres pré-électorales et occultes qui tournent parfois au roman noir. Un premier maire-adjoint, Lanquetaux, qui est prêt à tout pour prendre la suite d’un maire vieillissant, figure du commandeur que personne ne pousse vers la sortie sauf son Alzheimer, se heurte, sur sa route, à une ambitieuse et belle Irina venue chercher l’investiture dans le lit du président de la République… Combat des égos, servis par des sbires, intéressés par des postes – professionnels ou politiques -, que le héros-testiculeur, Denis du Tertre (alias DDT), au caractère fluctuant d’un Lorenzaccio, survole d’un œil scrutateur pour le plus grand plaisir du lecteur.

L’histoire manie l’humour avec une pointe d’absurde propre à l’auteur, ancien de l’Idiot International canal historique (Jean-Edern Hallier). Un manifeste dada dans le grand bain de la politique.

 

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