“La station d’épuration du futur : elle est pleine de ressources ! “

La Step du futur a fait l’objet d’un colloque organisé par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse le 17 octobre dernier à Lyon. Pour son directeur général, Laurent Roy, “la performance de traitement des stations d’épuration est une cible atteinte. Le nouveau défi de ce début de XXIe siècle en matière d’assainissement est d'inscrire les Step comme un maillon clé de l’économie circulaire” . Il revient sur cette mutation que traverse le secteur, le vent frais d'idées neuve qui y souffle et les potentiels d'innovation à explorer. 

Le temps des stations d’épuration coûteuses et énergivores est révolu. La pression sur les budgets des collectivités impose d’agir, et les solutions techniques existent. Pour devenir rentable, la station d’épuration peut faire bien plus qu’épurer l’eau. En fait, les eaux usées ne le sont pas définitivement, elles peuvent avoir une deuxième vie !
A partir d’une station d’épuration, on peut en effet produire de la chaleur et de l’énergie sous forme de biogaz. C’est une manne pour les collectivités qui peuvent réutiliser cette énergie pour les usages collectifs ou la vendre et générer ainsi de nouvelles recettes. Des bus qui roulent au biogaz, des logements et des piscines municipales chauffées à l’énergie récupérée des eaux usées, c’est déjà le cas à Belleville-sur-Saône dans le Rhône ou encore à Aix-les-Bains en Savoie. C’est non seulement rentable, mais c’est aussi une réponse d’atténuation au dérèglement climatique en réduisant l’émission de gaz à effet de serre.

 

20% des besoins nationaux en phosphore pourraient être couverts par les stations d’épuration

Plus encore, des matières premières des eaux usées peuvent être récupérées, comme l’azote et le phosphore et transformée en engrais. Là encore, c’est doublement vertueux : générer de nouvelles recettes pour la collectivité et offrir en plus une alternative à l’épuisement des ressources minières dans le monde. C’est un vrai gisement à exploiter et l’engrais produit localement par la station ne traversera plus mers et océans par cargo avant d’arriver dans les champs. C’est autant de carburant économisé et cela permet de réduire l’empreinte écologique des activités humaines sur notre planète. Ces idées sont encore neuves en France mais avouons qu’elles sont pleines de bon sens !

 

Une nouvelle façon de s’adapter au dérèglement climatique et au manque d’eau

Une autre évidence : à l’heure des pénuries d’eau, pourquoi arroser nos espaces verts, nos golfs ou nos champs avec de l’eau potable ? Recycler les eaux usées traitées est possible et autorisé par la loi dès lors que c’est compatible avec les impératifs de santé publique. La ville de Sainte-Maxime dans le Var l’a bien compris, cela fait 10 ans qu’elle arrose ses espaces verts et son golf avec de l’eau usée traitée, elle économise ainsi 12% d’eau potable, si précieuse en saison estivale quand les touristes affluent. Et toutes ces solutions sont à la portée des collectivités. La technologie est au point et les aides financières sont là.

 

Osons l’innovation !

Il y a un gisement à exploiter autour du potentiel de la station d’épuration. Les bénéfices seront vite là. On sait par exemple qu’il faut 5 ans de retour sur investissement pour les projets d’injection de biogaz. C’est un choix de raison à faire aujourd’hui pour l’avenir. C’est décider ainsi d’inscrire son territoire dans le cycle vertueux de l’économie circulaire. Grâce à l’innovation, les stations d’épuration deviennent moins consommatrices d’énergie, plus performantes, plus rentables. Et en plus elles contribuent à diminuer l’empreinte écologique de l’homme sur la planète. On a tout à y gagner !

 

Laurent Roy-Directeur Général de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse

 

La vidéo ci-dessous a été ajoutée par la rédaction du Journal des Communes via l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse

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